Humain augmenté : avons-nous le choix ?

Par Sylvie Bergeron, directrice générale de Connexion-U

De plus en plus de consommateurs/travailleurs acceptent de transférer le numérique dans leur corps : gros comme un grain de riz, un implant dans la main ouvre électroniquement la porte de votre maison ou du bureau et peut même servir de carte de paiement ou encore vous enverra une notification de courriel par influx électrique.

Aurons-nous le choix de rester un être humain naturel, après demain – on parle de quelques années – lorsque nous pourrons implanter des neurones artificiels supplémentaires à notre cerveau, une banque de mémoire et pourquoi pas, y intégrer notre téléphone intelligent ?

Il y a un mot pour décrire ces humains « augmentés » qui surgiront sous peu parmi nous : le transhumanisme. Il fut inventé en 1953, par Julian Sorell, le frère d’Aldous Huxley, auteur du Meilleur des mondes.

Nous ne pouvons pas être contre l’idée de rendre nos vies plus faciles et efficaces. Mais l’Intelligence Artificielle, on le sait, impose des enjeux éthiques majeurs. Montréal est à l’avant-garde de l’indispensable réflexion à ce sujet. La «Déclaration de Montréal», que l’on doit au Dr Yoshua Bengio, pose les balises des discussions à venir pour éviter que, de nos ordinateurs intelligents, n’émergent des Frankenstein ou des Terminators.

Qu’en est-il donc des questions éthiques que poseront nos concitoyens « augmentés » ?

Le professeur de cybernétique britannique Kevin Warwick campe le problème crument. En plaçant des électrodes sur son bras, il a créé une interface entre son propre système nerveux et un système informatique pour contrôler un ordinateur. Il a ensuite réfléchi à la généralisation de ce genre de méthode sur le marché du travail. À l’avantage qu’auront, face aux employeurs, les salariés qui accepteront de se prêter au jeu. « Ceux qui refuseront de s’augmenter, prévoit-il, seront handicapés par rapport au reste des salariés qui, eux, choisiront la voie transhumaniste.»

C’est inévitable. Dès que ces techniques seront disponibles, comme pour les petits implants, il se trouvera des citoyens pour les adopter. Les employeurs verront l’intérêt à favoriser l’embauche de ces salariés «augmentés». Ou de les rémunérer davantage. Idem pour les assureurs, qui offriront des tarifs réduits à ceux qui accepteront que des implants enregistrent et transmettent en temps réel leurs facteurs de risque, par rapport à ceux qui refuseront.

La prédiction de Warwick deviendra rapidement une évidence : les humains refusant d’augmenter leur réalité deviendront moins compétitifs. Leurs emplois seront de moindre qualité. L’être humain respectant sa nature originelle deviendra le handicapé social.

Nous sommes donc à l’aube d’un problème majeur de discrimination entre les citoyens. C’est maintenant qu’il faut réfléchir à ces enjeux et y investir.

À l’affut des défis posés par le transhumanisme, Connexion-U, organisme sans but lucratif, se penche désormais sur le défi que provoquera cette division entre deux classes : l’humain conforme à sa nature originelle et l’humain à réalité augmentée.

Nous venons de nous doter d’un texte fondateur qui sera prononcé lors du lancement le 1er novembre, en direct sur www.connexion-u.org https://www.facebook.com/ConnexionU, à partir de 17h30.

Nous vous invitons à prendre connaissance de cette Déclaration sur l’être essentiel, à la signer si vous partagez ses objectifs, à vous l’approprier et à la faire connaître : www.connexion-u.org/petition

Il est illusoire de se poser en ennemis du transhumanisme car, sa destinée est déjà établie. Mais Connexion-U souhaite protéger l’intégrité de l’être naturel et son égalité en droit, défendre sa valeur et son droit au refus d’adhérer au courant transhumain. Elle proposera de sensibiliser et d’outiller quiconque souhaite assurer que l’humain naturel garde sa première place.

Nous comptons sur votre soutien pour nous aider à lutter contre la discrimination qui se prépare et ainsi éviter une humanité à deux vitesses.

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